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Elanco & Proplan

2 septembre 2024

Avoir un chien permet de mieux vieillir ; ce n'est pas vérifié pour un chat (ni un oiseau ou un poisson rouge)

par Vincent Dedet

Temps de lecture  4 min

“Vivre avec un chien, c'est mieux”, selon le peintre japonais Watanabe Seiti. C'est aussi la conclusion de chercheurs australiens et japonais plus de 100 ans après la mort de ce peintre, au terme d'un suivi de cohorte de plus de 15 000 personnes. Cliché : DR.
“Vivre avec un chien, c'est mieux”, selon le peintre japonais Watanabe Seiti. C'est aussi la conclusion de chercheurs australiens et japonais plus de 100 ans après la mort de ce peintre, au terme d'un suivi de cohorte de plus de 15 000 personnes. Cliché : DR.
 

Le risque moyen de décès, toutes causes confondues, pour un propriétaire de chien, est de 22 % inférieur à celui des personnes ne possédant pas d'animaux de compagnie. Telle est la conclusion d'un suivi de cohorte réalisé en Australie, le second sur le sujet du lien entre qualité de vie, mortalité et le fait de posséder ou non un animal de compagnie. Mais alors que d'autres études ont trouvé un bénéfice sanitaire significatif à posséder un chat, celle-ci n'en identifie pas, pas plus que pour les oiseaux (de volière) ni les poissons (rouges).

Plus de 15 000 personnes

Le suivi de cohorte réalisé en Australie à partir de 2001 est le premier du genre dans ce pays : il inclut un échantillon représentatif de la population nationale. Il vise à explorer les « dynamiques de revenus, de travail et de marché » du pays, en interrogeant tous les membres des foyers inclus, une fois par an, en se limitant aux personnes de 15 ans et plus. En 2018, parmi les questions posées figurait la possession d'un ou plusieurs animaux de compagnie (en plus des dimensions sociales, démographiques, sanitaire et économiques abordées), et la ou les espèces concernées. Pour l'analyse statistique, ces épidémiologistes et gérontologues japonais, ainsi que des statisticiens australiens, n'ont retenu que les espèces présentes dans 5 % au moins des 15 735 foyers interrogés (âge moyen de 46 ans). Cela correspond aux chiens, chats, oiseaux, poissons et autres. Cette dernière catégorie recouvre chevaux, lapins, cobayes/hamsters, lézards, serpents, tortues, moutons, vaches, chèvres, rats/souris, alpaca et autres. Les personnes étaient aussi interrogées sur leur activité physique (plus ou moins d'un kilomètres de marche quotidienne), la vigueur de cette activité, leur niveau d'autonomie dans la vie quotidienne, d'invalidité, la fréquence des consultations médicales, etc. Puis les auteurs ont croisé les données démographiques de 2018 avec la base nationale des décès pour 2022.

Facteurs de protection

Un peu plus du quart des personnes interrogées (26 %) vivaient en zone rurale. Un peu moins des deux tiers (61 %) possédaient un animal de compagnie (44 % avaient un ou plusieurs chiens, 24 % un ou plusieurs chats, 10 % un ou des oiseaux, et 8 % des poissons). Il s'agit en majorité de femmes (55 %), de personnes ayant un revenu annuel supérieur (en moyenne de 8 %) à la moyenne de l'échantillon. Elles n'ont pas de handicap à la marche, ont une activité physique vigoureuse, et vivent plus souvent en zone rurale que les personnes n'ayant pas d'animal. Sur les 4 années de l'étude rétrospective, 2,4 % des personnes incluses sont décédées : 1,6 % parmi les propriétaires d'animaux de compagnie et 3,7 % parmi les autres. L'âge moyen au décès était de 75 ans. Lorsqu'ils modélisent les données, les auteurs observent que :

  • le fait de posséder un animal de compagnie (toutes espèces) est associé à un facteur de protection significatif de 26 % vis-à-vis du risque de décès (toutes causes), par rapport à de personnes sans animaux ;
  • le fait de posséder un chien est associé à un facteur de protection significatif de 23 %. Le fait de posséder l'une des autres espèces retenues n'était pas associé de manière significative à un facteur de protection vis-à-vis du décès.

Ces résultats sont robustes car l'analyse prend en compte les facteurs démographiques et socio-économiques des répondants, de manière représentative. Pour renforcer cette robustesse, les auteurs ont recherché l'effet potentiel du niveau d'activité physique sur l'association entre possession d'un animal et mortalité ; ils observent un effet indirect mais hautement significatif (p<0,001).

Effet cardiovasculaire ?

Dans la discussion de leur publication, ils rappellent que les premières études à avoir identifié un facteur protecteur de la possession d'un animal de compagnie au regard de la mortalité remontent à 1980, et qu'elles ont été répétées dans d'autres pays, et à différentes dates, avec des résultats convergents. Cela renforce encore la plausabilité de cette observation, même si les causes des décès n'ont pas été analysées : la littérature documente également une relation négative entre niveau d'activité physique et déclenchement de démence ou de perte d'autonomie. Aussi les auteurs « suggèrent que la possession d'un chien a des effets protecteurs sur la mortalité cardiovasculaire par le biais d'un niveau d'activité physique plus élevé ». L'absence d'association entre risque de décès (toutes causes) et les autres espèces n'exclut pas qu'il en existe au regard de causes spécifiques de décès, ou qu'elle soit de niveau plus faible que pour les chiens, n'apparaissant pas sur la période réduite (4 ans) de l'étude. Enfin, les auteurs soulignent qu'ils sont les premiers à publier sur l'exploration du fait de posséder un poisson ou des animaux de la catégorie “autres”. Ils rappellent aussi qu'une association ne vaut pas lien de causalité (ici entre le fait de posséder un chien et risque moindre de décès).

Ainsi, « la présence et l'exercice physique liés à un chien de compagnie peuvent être recommandés dans le cadre d'une politique de promotion de la santé et peuvent jouer un rôle important dans la promotion du vieillissement en bonne santé ».