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11 avril 2023
La castration des chatons augmente leur croissance, surtout pour les femelles, si elle est réalisée jusque 7 mois
« Les vétérinaires praticiens devraient tenir compte de l'impact potentiel de la stérilisation sur le gain de tissu adipeux, en particulier lors de stérilisation précoce des chatons femelles », préviennent les auteurs de deux études présentant des résultats convergents, et publiées ensemble.
L'hypothèse de départ de ces auteurs, employés de Waltham outre-Manche ou de Royal Canin en France, était que la courbe de croissance des chats stérilisés ne serait pas différente de celle de chats restés entiers. Les deux études qu'ils publient infirment cette hypothèse. La première est une étude observationnelle rétrospective, reposant sur les données collectées dans l'enseigne vétérinaire nord-américaine Banfield (900+ cliniques), entre avril 1994 et novembre 2016. Les données extraites concernaient tous les chats en bonne santé (visites soins préventifs) dont les dates de naissance, de castration et de pesée étaient renseignées, et âgés au plus de 2,5 ans. Cela représente des données relatives à 10 200 chats (5 710 femelles et 4 450 mâles), dont la croissance a été comparée à la courbe de croissance standard. Pour évaluer l'effet de l'âge à la castration, à partir des données enregistrées sur la même période pour la totalité de ces interventions dans le même réseau, les auteurs ont fait quatre classes, légèrement différentes selon le sexe :
Pour chaque sexe et chaque groupe, les auteurs calculent la courbe de croissance médiane, et la rapportent à la médiane de la courbe standard. « Dans tous les groupes stérilisés des deux sexes, la trajectoire de croissance médiane était proche de la ligne de score zéro (représentant la norme de croissance médiane) avant la stérilisation, mais il y avait une tendance à la hausse de la courbe après la stérilisation » (voir le graphique ci-dessous). Dans tous les groupes, cette augmentation de la valeur de la note d'écart à la médiane était hautement significative (p<0,001). « Pour tous les âges, la hausse était plus marquée chez les chatons femelles que chez les chatons mâles. Cependant, dans les deux sexes, l'inclinaison était moins forte chez les chatons castrés plus tardivement ».
Trajectoire médiane de croissance des mâles (à gauche) et des femelles, par groupe d'âge à la castration, sur l'échelle de note d'écart à la médiane de la croissance des sujets correspondants non castrés (Salt et coll., 2023).
La seconde étude reprend les données d'un essai déjà publié par ailleurs, en comparant des mesures liées à la croissance à quatre moments entre des paires de femelles sexuellement intactes ou stérilisées issues de portées de chats Européens au sein d'une population de recherche (du centre britannique de Waltham). Une femelle de chaque paire était stérilisée à 19 semaines d'âge. Toutes deux avaient libre accès à un même aliment à volonté, jusqu'à l'âge d'un an. Les mesures (11 mensurations corporelles outre la pesée) étaient réalisées à 11, 18, 30 et 52 semaines d'âge ; les proportions de masse graisseuse et maigre étaient déterminées par méthode DEXA (ostéodensitométrie), sous sédation. « À 52 semaines, les chattes stérilisées étaient [significativement] plus lourdes, avaient plus de masse grasse et plus de masse maigre que les entières » (voir l'illustration principale). « La circonférence abdominale et la longueur de la cage thoracique étaient également plus importantes, mais il n'y avait pas de différences dans les autres mesures zoométriques ».
Ainsi, « les changements physiologiques résultant de la stérilisation provoquent une prise de poids plus rapide, de sorte que les chats sont susceptibles d'être plus lourds lorsqu'ils atteignent la maturité squelettique », concluent les auteurs. Ils observent, dans la seconde étude, que le gain de poids est plus lié à la masse graisseuse qu'à la masse musculaire, « ce qui est cohérent avec les études associant castration et obésité » et d'autres études comparables. Aussi estiment-ils que « l'analyse risque-bénéfice de la stérilisation précoce devrait être reconsidérée », au moins pour les femelles, en y ajoutant « l'effet possible sur l'adiposité et l'obésité ». Ou au moins en « améliorant fortement les conseils de gestion du poids après l'intervention, fournis par les vétérinaires ». Ils recommandent même « des contrôles réguliers et fréquents du poids après la stérilisation, idéalement au moins tous les mois, jusqu'à ce que l'impact sur le statut pondéral soit établi ». Il reste toutefois à conduire la seconde étude sur des chatons mâles, et à rappeler que la population féline explorée dans la première étude est essentiellement nord-américaine, au sein de laquelle l'obésité féline est répandue.
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