7 avril 2025
5 min

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La méthode du drapeau est une technique largement utilisée pour récolter les tiques d'une parcelle, afin d'évaluer leur présence, leur abondance et leur diversité. Cette surveillance est utile pour évaluer l'expansion géographique de ces parasites, leur persistance suivant les saisons, et ainsi le risque d'infestation et de maladies vectorielles chez les personnes et les animaux fréquentant les zones concernées. Cette méthode est peu coûteuse, mais manque de sensibilité selon les espèces de tiques, leur comportement et leur habitat, ainsi que leur densité.
D'autres techniques sont nécessaires lorsque cette densité est faible, par exemple dans des zones nouvellement envahies, et pour explorer de grands territoires afin d'augmenter les chances de détection.
C'est dans cet objectif qu'une étude a été menée avec des chiens renifleurs, dont les auteurs (américains) publient les résultats en libre accès.
Ces chiens de détection sont déjà utilisés, entre autres, pour rechercher la présence d'animaux peu visibles ou rares, le koala, le spermophile de Franklin, la punaise diabolique (Halyomorpha halys)… Ils évitent en effet la collecte ou le piégeage de ces espèces avec les effets délétères associés sur leur population. Le temps passé aux opérations de détection est également plus court, et la sensibilité plus élevée, comme montré par exemple pour la détection des martres pêcheuses ou des lynx par comparaison à des systèmes de surveillance vidéo (caméras) ou de pièges à poils.
Ici, les chiens ont été entraînés à la détection une espèce de tique dure, Dermacentor albipictus dite « tique d'hiver » (winter tick), répandue en Amérique de Nord et parasitant nombre de mammifères, en particulier les cervidés. Lorsque la charge parasitaire est élevée, ces tiques peuvent causer une anémie voire la mort de l'animal, et des épizooties sont responsables du déclin des populations d'élans dans certains territoires du sud de leur zone de répartition (à la frontière entre le Canada et l'Alaska).
Dans l'absolu, l'efficacité de ces chiens pour détecter D. albipictus peut être étendue à d'autres espèces de tiques.
Les trois chiens utilisés pour ces tests, un malinois, un labrador et un croisé springer anglais, ont donc d'abord été formés à la détection de ces parasites, en utilisant des larves collectées dans la nature. L'entraînement s'est déroulé à l'intérieur, puis à l'extérieur, puis enfin en conditions de terrain dans le Wyoming (Jackson Hole). Il a demandé 10 jours en tout (incluant 2 jours de repos) et a montré la capacité des chiens à détecter la présence des tiques.
L'étude comparative s'est ensuite déroulée avec un seul chien (le croisé springer) et son maître versus la méthode du drapeau réalisée par un technicien formé, pendant 2 jours sur plusieurs zones du même territoire du Wyoming susceptibles de contenir des tiques (32 transects c'est-à-dire des trajets en ligne, et 3 parcelles de surveillance). L'équipe cynophile passait en premier pour éviter les contaminations d'odeurs. À l'issue des deux interventions, des collectes supplémentaires étaient réalisées aux endroits marqués par le chien, ce qui reste indispensable pour évaluer l'abondance des tiques, les identifier et rechercher des pathogènes agents de maladies vectorielles.
Le temps passé par chacune des équipes pour ratisser la zone était enregistré. Les coûts, en additionnant la formation et le salaire des intervenants, le matériel et l'hébergement, et en incluant la formation et les soins du chien, ont également été évalués.
Des tiques ont été détectées par le chien sur toutes les parcelles (21 foyers) et 34 % des transects (11/32, 17 foyers au total). La méthode du drapeau en a collecté aussi sur toutes les parcelles (21 foyers aussi) et sur 44 % des transects (14/32, 29 foyers).
Sur l'ensemble, 6 transects ont été positifs avec les deux techniques, et 13 négatifs avec les deux techniques aussi ; les 13 autres ont donné des résultats discordants, dans un sens ou dans l'autre. L'analyse statistique ne révèle pas de différence entre la fiabilité de ces méthodes. Les deux sont imparfaites, ce qui souligne l'importance de réitérer régulièrement les explorations et/ou de varier les techniques.
Les collectes sur marquage du chien ont permis de totaliser davantage de tiques que la méthode plus aléatoire du drapeau ; le nombre de larves par mètre sur les transects était également légèrement plus élevé. Il est possible que la détection olfactive soit dépendante de l'étendue du foyer, ce qui est intéressant pour localiser les zones les plus à risque.
Les marquages par le chien se sont révélés positifs à 62 %. Mais il est possible que ce taux soit sous-estimé car la collecte ultérieure sur les sites marqués a pu être faussement négative. Et les faux-positifs ont diminué au cours du temps, ce qui laisse penser que les performances du chien ont encore augmenté durant la phase d'étude.
La détection avec le chien est beaucoup plus rapide : 24 minutes pour 250 m de transect et 122 minutes pour une zone de 500x500 m, contre 53 min. et 144 min., respectivement, par la méthode du drapeau. Cette rapidité est utile pour la surveillance de zones étendues.
Et outre la vitesse, le chien est également intéressant pour détecter des tiques dans des zones moins faciles d'accès ou dans des contextes où la méthode du drapeau n'est pas envisageable, notamment dans des containers ou sur des animaux (contrôles aux frontières, dans le cadre de concours agricoles, etc.), pour éviter l'introduction d'espèces invasives dans des territoires indemnes).
Le coût de formation de l'animal est environ 10 fois plus élevé que celui pour former un technicien à la technique du drapeau. Une fois opérationnels, le coût pour 250 m de transept est évalué à 27$ contre 20$, et celui pour ratisser une zone de 500x500 m est de 123 $ contre 53 $. La méthode du drapeau demeure donc plus économique.
Au final, la détection olfactive semble prometteuse, en alternative ou en complément de la méthode du drapeau. Il est probable également que les chiens puissent être entraînés à distinguer diverses espèces de tiques, comme ils savent différencier, par exemple, un ours noir d'un grizzly.
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