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15 avril 2022
Les tumeurs des chats ne sont pas comme celles des chiens confirme une étude sur 9000 cancers
Dans une étude de grande envergure réalisée au Portugal, une équipe de chercheurs a analysé les données collectées par Vet-OncoNet, le registre national des cancers des animaux de compagnie. Entre janvier 2019 et décembre 2020, cinq laboratoires vétérinaires ont transmis à la base de données portugaise les informations concernant les cas identifiés durant cette période : nom, espèce, sexe, nature et grade de la tumeur, date du diagnostic…
En deux ans, 9079 animaux ont ainsi été enregistrés, dont 7355 chiens (81 %) et 1724 chats (19 %). Cette étude vise principalement à comparer espèce féline et espèce canine, une première sur autant d'animaux.
Toutes espèces confondues, les tumeurs diagnostiquées dans cette étude sont principalement localisées au niveau de la peau et du tissu mammaire (respectivement 46,4 % et 25,4 % des cas).
Chez le chien, les atteintes de l'appareil urogénital arrivent en troisième position (7,7 %), alors que, chez le chat, c'est plutôt l'appareil digestif qui est concerné (8,2 %).
Dans cette étude, quasiment la moitié des tumeurs diagnostiquées chez le chien se situent au niveau de la peau, les mâles étant plus fréquemment atteints que les femelles. Viennent ensuite les tumeurs des glandes mammaires (23,1 %) et celles de l'appareil urogénital (7,7 %).
Les chiens ont cinq fois plus de risques de souffrir d'une tumeur de l'appareil urogénital que les chats, en raison notamment du nombre élevé de tumeurs des testicules dans cette espèce (59,4 %). Ce résultat, en accord avec ceux des études précédentes, s'explique sans doute par la fréquence des castrations chez le chat mâle.
Les tumeurs des gencives sont aussi plus souvent décrites chez le chien que chez le chat, en particulier chez le mâle (3,2 %). Les tumeurs du système hématopoïétique sont également plus fréquentes dans l'espèce canine, surtout au niveau de la rate où le risque est multiplié par 2,5 par rapport au chat. Ce risque est par ailleurs deux fois plus élevé en ce qui concerne les tumeurs des tissus mous.
Dans l'espèce féline, la région la plus touchée est celle des glandes mammaires (38,1 % des cas). Pas loin derrière, la peau arrive en deuxième position (36,1 %) avec une localisation préférentielle à la face, au tronc et à l'oreille externe. Vient ensuite l'appareil digestif (8,2 %) et, plus particulièrement, l'estomac et les intestins (6,4 %).
Dans cette étude, les chats ont deux fois plus de risques de déclencher une tumeur des ganglions lymphatiques ou des glandes mammaires que les chiens. Ce risque est multiplié par trois en ce qui concerne les tumeurs de l'appareil respiratoire, et par cinq pour les tumeurs oculaires.
Les données de Vet-OncoNet ont également été analysées en fonction du type histologique des tumeurs. Sur les 245 types de tumeurs identifiés dans l'étude, cinq sont particulièrement fréquents :
Comme dans les études précédentes, les chiens, et en particulier les jeunes mâles, sont surreprésentés en ce qui concerne les tumeurs mastocytaires. Le risque est en effet multiplié par quatre dans cette espèce par rapport au chat.
Les auteurs de l'étude observent également davantage de tumeurs du système vasculaire (hémangiomes et hémangiosarcomes) chez le chien, ainsi que des histiocytomes, des lipomes, des mélanomes et des mélanocytomes.
Les chats ont deux fois plus de risques de développer des tumeurs mammaires que les chiens et cinq fois plus de risques que ces lésions soient cancéreuses.
Les carcinomes à cellules squameuses arrivent en deuxième position dans l'espèce féline, avec un risque cinq fois plus élevé par rapport au chien.
Les fibrosarcomes sont trois fois plus diagnostiqués chez le chat. Si aucune prédisposition en fonction du sexe n'a été rapportée jusqu'ici, les mâles sont davantage représentés que les femelles dans cette étude.
Concernant les lymphomes, le risque est multiplié par 4,5 dans l'espèce féline par rapport aux chiens, voire par six dans le cas des lymphomes à cellules T.
Chez le chien comme chez le chat, les femelles sont davantage représentées dans cette étude (quasiment 60 % des cas), du fat du risque des tumeurs des tissus mammaires parmi les plus fréquentes.
Les mâles sont plutôt sujets aux tumeurs de l'appareil respiratoire, de l'appareil digestif, de la cavité buccale, du tissu osseux, de la peau ou encore de l'appareil urogénital. Mais aucune autre prédisposition liée au sexe n'est rapportée dans cette étude.
L'âge au moment du diagnostic varie de 3 mois à 20 ans chez le chien et de 6 mois à 20 ans chez le chat. Chez le chien, l'âge moyen est de 9,3 ans au moment du diagnostic contre 10,5 ans chez le chat, une différence qui pourrait s'expliquer par la longévité accrue des félins.
Dans les deux espèces, on observe un pic de tumeurs de cas à l'âge de dix ans. Un autre pic est observé plus tôt chez le chien à l'âge de 8 ans, mais plus tard chez le chat à 12 ans.
La fréquence des tumeurs des tissus mous, des tissus mammaires, de la rate et de l'appareil urogénital augmente avec l'âge dans les deux espèces, à l'inverse de celle des tumeurs cutanées.
En ce qui concerne le type de tumeurs, les risques de carcinomes à cellules squameuses, de tumeurs mammaires malignes et de fibrosarcomes augmentent avec l'âge, alors que la fréquence des tumeurs mammaires bénignes diminue au contraire chez le chien comme chez le chat.
L'analyse des données de Vet-OncoNet montre d'importantes différences selon l'espèce animale, tant au niveau de la localisation des tumeurs que de leur type. Le risque d'apparition des lésions n'est donc pas le même chez le chien et chez le chat, sans doute en raison de différences génétiques et/ou comportementales.
Les auteurs insistent sur l'importance de disposer de ce type de base de données pour prévenir et surveiller les cancers chez l'animal, mais aussi chez l'homme.
En effet, ces travaux présentent également un intérêt en médecine humaine. Le chien est habituellement considéré comme un excellent modèle pour étudier le cancer chez l'homme. Du point de vue histologique en particulier, de nombreux cancers sont similaires dans les deux espèces : ostéosarcomes, mélanomes, lymphomes non hodgkiniens, cancers de la vessie ou encore carcinomes mammaires.
Les chats sont rarement utilisés comme modèles pour l'instant. Ils pourraient cependant s'avérer utiles pour étudier certaines maladies, comme le carcinome à cellules squameuses ou les tumeurs mammaires, plus fréquentes dans cette espèce que chez le chien.
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