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Elanco & Proplan

6 mars 2025

Quand les pharmaciens (ne) lorgnent (pas) sur les médicaments pour NAC…

par Vincent Dedet

Temps de lecture  4 min

Nombre de demande de conseils en officine sur les NAC, et de désir de formation sur le sujet, selon les départements de la région PACA-Corse, dans une enquête réalisée par une thésarde en pharmacie en 2024 (Antonowicz, 2025).
Nombre de demande de conseils en officine sur les NAC, et de désir de formation sur le sujet, selon les départements de la région PACA-Corse, dans une enquête réalisée par une thésarde en pharmacie en 2024 (Antonowicz, 2025).
 

« Les Nouveaux Animaux de Compagnie [NAC] représentent une catégorie d'animaux de plus en plus populaire, offrant une alternative aux animaux domestiques plus traditionnels comme les chiens et les chats. Les pathologies les plus courantes et moins graves, qui ne nécessitent pas toujours une intervention vétérinaire, pourraient être identifiées en officine après une formation appropriée » estime une jeune docteure en pharmacie dans sa thèse, publiée en ce début d'année. Aussi a-t-elle réalisé une enquête auprès des pharmaciens d'officine de sa région… qui révèle une adhésion limitée à son analyse.

« Obligés » d'aller chez le vétérinaire

Citant les chiffres de la FACCO, cette thèse constate que les NAC (sans les poissons mais avec les poules) représentent près d'un animal de compagnie sur trois (29,7 %) en France. Or « les pharmacies qui possèdent un rayon vétérinaire possèdent beaucoup de produits concernant les animaux de compagnie (chiens et chats) et bien plus rarement des produits spécifiques pour les NAC, obligeant alors les propriétaires de NAC à se tourner vers un vétérinaire », analyse l'alors future diplômée. Et le marché du médicament vétérinaire « s'adapte également à ces demandes en développant une large gamme de produits et services dédiés aux NAC », qui sont « rarement tenus en stock ». Pour elle, les pharmaciens d'officine devraient « rester informés et formés sur les besoins spécifiques des actuels et futurs propriétaires de NAC. Ils devraient être en mesure de les conseiller en termes de premiers soins, de nutrition, ou de prévention des maladies ».

Officinaux urbains

C'est pour évaluer dans quelle mesure son analyse est partagée par les pharmaciens d'officine (dits « les officinaux »), qu'elle a réalisé une enquête dans la région Paca-Corse, entre juin 2023 et janvier 2024. Au total, 540 pharmacies ont été sollicité, dont 108 ont répondu (44 étaient situées dans les Bouches du Rhône, département le plus représenté). L'analyse des localisations montre que ce sont surtout des officinaux urbains qui ont répondu. Le questionnaire commençait par interroger les pharmaciens sur le fait qu'ils avaient ou non « déjà réalisé une formation sur les NAC (DU, cours à la faculté, autres…) ». Si la réponse était négative, il leur était demandé si une telle formation les intéresserait. Les réponses ont été mitigées, et en majorité négatives. Certains répondants n'ayant pas signalé avoir reçu de questions sur les NAC étaient tout de même intéressés par une telle formation.

Orienter vers un vétérinaire

Puis le questionnaire se consacrait aux « demandes sur les NAC à l'officine ». Dans le cas où il y en avait, étaient-elles en augmentation ? et le pharmacien parvenait-il à apporter une réponse ?  Parmi les officinaux qui ne voulaient pas de formation spécifique sur les NAC, la thèse reprend trois raisons principales, sans chiffrer leur importance relative. « La plupart optent pour orienter leurs patients et leur animal vers un vétérinaire spécialisé, ne voyant aucun avantage à cette formation et préférant ainsi orienter la personne vers un spécialiste. Certains estiment que les formations initiales reçues dans leur cursus sont adéquates. Ils parviennent à répondre partiellement à la demande, tandis que d'autres peuvent y répondre de manière complète. Seule une minorité parvient à répondre aux demandes sans formations supplémentaire et n'en ressent donc pas le besoin ».

Surtout des lapins de compagnie

Les trois départements où la proportion de pharmaciens signalant avoir des demandes à propos de NAC est la plus élevée sont le Var (67 %), les Hautes-Alpes (63 %) et les Bouches du Rhône (41 %, voir l'illustration principale). Les espèces concernées par les questions étaient avant tout le lapin (32 %), devant les oiseaux (18 %), les furets, les cochons d'Inde et les tortues (15 % chacun). Une seule question relevée par les répondants concernait les poules, signe de l'implantation urbaine des pharmacies interrogées.

Pas de rayon NAC en vue ?

Enfin, le questionnaire se clôturait par la présence éventuelle d'un rayon vétérinaire dans la pharmacie et la présence de produits destinés aux NAC, ou la capacité à les commander sous un court délai de livraison. Là encore, les chiffres détaillés des réponses ne sont pas fournis. Il est simplement précisé que « près de 20 % des pharmaciens n'étaient pas attirés par le fait d'ouvrir leurs rayons pour des produits concernant les NAC ». Reste à savoir la proportion de “sans opinion” parmi les 80 % restants. Toutefois, la thèse précise que « d'après les commentaires laissés par les officinaux, il a été remarqué par beaucoup d'entre eux, que le monopole du marché des produits vétérinaires était bien trop partagé pour pourvoir implanter un rayon et posséder des produits en stock dans leur milieu de travail. De plus, la demande n'étant pas assez abondante, beaucoup ne voit aucun intérêt à consacrer un rayon vétérinaire aux NAC dans leur officine ». Ce qui n'empêche pas l'auteure de la thèse de conclure que, « si les propriétaires étaient davantage informés sur la disponibilité de ces produits en pharmacie, ils pourraient bien plus solliciter les pharmaciens pour obtenir des conseils et des solutions adaptés, renforçant ainsi leur rôle dans le bien-être des NAC ».

La thèse est complétée par une revue des dominantes pathologiques pour chaque espèce de NAC ainsi que la présentation de fiches par espèces abordant la vaccination, les soins courants et les zoonoses.