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Elanco & Proplan

16 janvier 2025

Analyse urinaire du cochon d'Inde : le RPCU est naturellement plus élevé chez le jeune

par Agnès Faessel

Temps de lecture  3 min

Les résultats de cette étude détectent que le RPCU est physiologiquement plus élevé chez le jeune cochon d'Inde par comparaison aux adultes, malgré une fonction rénale totalement opérationnelle dès la naissance (cliché Pixabay).
Les résultats de cette étude détectent que le RPCU est physiologiquement plus élevé chez le jeune cochon d'Inde par comparaison aux adultes, malgré une fonction rénale totalement opérationnelle dès la naissance (cliché Pixabay).
 

Malgré la popularité du cochon d'Inde comme animal de compagnie, et la prévalence des troubles urinaires dans cette espèce, des valeurs de références n'avaient pas été établies pour le RPCU (rapport protéines sur créatinine urinaires). Des chercheurs tchèques (faculté vétérinaire de Brno) ont donc mené une étude prospective pour pallier ce manque. Ils publient leurs résultats en libre accès dans VetRecord.

Des faux-positifs à la bandelette

De précédents travaux ont effectivement montré la fréquence élevée des maladies du tractus urinaire chez le cochon d'Inde, en particulier les femelles : cystite, urolithiases, insuffisance rénale, néphrite chronique, pyélonéphrite…

Le bilan urinaire est un examen utile pour le diagnostic de ces maladies, mais aussi celui de troubles systémiques. Les bandelettes urinaires permettent d'évaluer la protéinurie. Mais chez le cobaye, le pH élevé des urines entraîne des résultats faussement positifs. Dans ce cadre, le RPCU peut leur être préféré.

Pour établir des intervalles de normalité, l'étude a porté sur 168 cobayes en bon état de santé apparent. À l'exception d'une infestation par des parasites externes, toute maladie antérieure était un critère d'exclusion.

161 animaux sains retenus

Un prélèvement d'urine a été réalisé chez chacun (par miction naturelle), à l'occasion d'une consultation de routine ou d'une chirurgie de convenance (stérilisation). Dans 72 cas, il s'agissait d'animaux présents dans des élevages suivis.

Une première analyse d'urine a été réalisée sans délai : examen à la bandelette, centrifugation puis mesure de la densité urinaire et examen du culot urinaire au microscope. La présence d'une hématurie, d'une glycosurie et/ou d'une cétonurie a fait exclure 7 cas. L'analyse a donc finalement porté sur 161 cobayes.

Une analyse ultérieure des urines (après congélation et stockage), dans un délai maximal d'un mois, a permis de mesurer la créatininurie (par la méthode de Jaffé) et la concentration en protéines, selon les deux techniques usuelles : par colorimétrie ou turbidimétrie. Un taux de protéines sous le seuil de détection a été observé dans une grande proportion de cas avec la mesure par turbidimétrie (58 %) ; seule la mesure par colorimétrie a ainsi été retenue, et cette technique est ainsi conseillée par les auteurs pour l'espèce. Les résultats ont permis de calculer le RPCU.

Influence de l'âge seulement

Chez les carnivores domestiques, le sexe et l'âge influencent le RPCU. Les chercheurs ont donc tenu compte de ces paramètres dans leur analyse. La cohorte comprenait en effet 87 mâles (dont 3 castrés) et 74 femelles (dont 8 stérilisées).

Elle a été aussi séparée en deux groupes : les juvéniles (moins de 6 mois, n=40) et les adultes (âgés de 3 ans en médiane, n=121). Les animaux étaient de diverses races, avec toutefois une large majorité de cochons d'Inde américains, les plus populaires.

Les résultats montrent que le sexe n'influence pas le RPCU. Des différences significatives sont observées en revanche entre les groupes d'âge, avec des valeurs plus élevées chez les juvéniles : 1,48 en médiane contre 0,56 chez les adultes.

Les valeurs de créatininémie sont significativement plus basses chez les jeunes (0,5 contre 1,1 mmol/l), ce qui explique probablement le plus la différence de RPCU. Les taux de protéines sont plus élevés, mais sans que la différence soit toutefois significative (101,6 contre 98,4 mg/l), ce qui pourrait s'expliquer par le fait que la néphrogénèse est terminée durant la gestation chez le cochon d'Inde (les reins sont donc pleinement fonctionnels dès la naissance, contrairement au chiot).

La densité urinaire est aussi significativement plus élevée chez les jeunes cobayes (1,015 versus 1,012).

Intervalles de référence à affiner

Les auteurs proposent finalement deux intervalles de référence pour le RPCU :

  • 0,4-3,1 pour les moins de 6 mois,
  • 0,12-2,21 pour les adultes, ce qui est plus élevé que chez le chat ou le chien.

Il resterait désormais à déterminer les valeurs seuils correspondant à une protéinurie. Ces intervalles pourraient aussi être affinés par tranches d'âge plus étroites, y compris chez les jeunes animaux.