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15 novembre 2024
Dermatophytose : les élevages félins qui n'en ont pas eu sont peu préoccupés/informés sur l'infection
Un peu moins d'un éleveur de chats sur deux a déjà subi un épisode de dermatophytose sur ses animaux, et environ la moitié de ces éleveurs ont aussi présenté des lésions de teigne à cette occasion. C'est ce qui ressort de l'enquête sur laquelle repose la thèse d'exercice d'une jeune consœur, soutenue récemment à Oniris (Nantes). Mais la gestion d'un ou de plusieurs épisodes est surtout « un enfer moral, physique et financier. Difficile à comprendre, à détecter et à éviter », de l'aveu d'un des éleveurs, figurant dans les commentaires libres de l'enquête.
La future diplômée a réalisé un questionnaire en 21 points, qui a été transmis à environ 12 000 éleveurs félins par le biais de la lettre d'informations du Livre Officiel des Origines Félines (LOOF) et des réseaux sociaux afférents. Le questionnaire est resté ouvert en ligne pendant 5 mois (de mi-mai à mi-octobre 2022), mais deux tiers (67 %) des répondants l'avaient complété dans les 24 h suivant sa mise en ligne. Il y a eu 318 répondants, soit un taux de réponse de 2,7 %, faible pour ce genre de travail, et qui rend les résultats non représentatifs. Toutefois, les répondants étant répartis sur l'ensemble de la France (y compris un éleveur de la Réunion), cela limite le biais d'échantillonnage (voir les cartes ci-dessous).
Les répondants avaient des niveaux d'expérience divers de leur "métier" : la médiane de 7 années d'exercice comme éleveurs (de 1 à 49 ans) et la moyenne à 10,1 ans montrent une forte représentation des éleveurs récents. La race la plus représentée est le Maine Coon, devant le Persan et le British. À elles trois elles représentent 55 % des élevages des répondants ; la sur-représentation des éleveurs de Persans par rapport à leur présence dans le LOOF pourrait être liée à la prédisposition supposée de cette race à la teigne. Cela étant, bien que les trois quarts des répondants n'élèvent qu'une race (74 %), un sur cinq (19,2 %) élève deux races (le duo Persan et exotic shorthair est le plus représenté) et quelques autres en élèvent encore plus (jusqu'à six chez un éleveur). Dans l'analyse statistique, l'auteure relève que les élevages détenant une seule race de chats sont ceux ayant eu significativement le moins d'épisodes de dermatophytose féline (63 % n'en ont jamais eu, contre 26 % des élevages à deux races ou plus, p<0,05). Pourtant, les éleveurs qui ont deux races au moins ont en moyenne plus d'expérience que les autres (13,8 contre 8,9 ans, p<0,0003).
La valeur médiane du nombre de chats par élevage est de 8, la moyenne n'étant pas illustative car un éleveur déclare avoir chez lui 107 chats. Heureusement, les trois quarts des éleveurs possèdent au plus 12 chats. De même, l'éventail du nombre de portées (de 0 à 50 par an) n'est pas bien capturé par la moyenne de 3,7 portées par an, proche de la médiane cette fois (3 portées/an), puisque 75 % des éleveurs ont moins de 5 portées par an. Les nombres moyen et médian de chatons par portée sont proches (4,2 et 4, respectivement). Si les deux tiers des éleveurs déclarent sectoriser leurs locaux (séparation par âge ou statut médical), la quasi-totalité (92,5 %), indiquent aussi avoir une pièce indépendante pour la mise en quarantaine (obligatoire). Les éleveurs réalisant cette sectorisation ont aussi plus d'expérience (11 vs. 8,5 ans, p=0,0004), plus de chats et plus de portées dans leurs élevages et surtout appliquent une quarantaine plus longue (23 v. 17 jours, p=0,0005).
Un peu moins de la moitié des répondants (46 %) ont déjà eu au moins un épisode de dermatophytose dans leur élevage. Ceux-ci se divisent en 31 % n'ayant connu qu'un épisode et 15 % en ayant subi au moins deux. Les trois quarts (77 %) des éleveurs de Persans ont déjà eu au moins un épisode, contre 43 % des éleveurs de Maine Coon. L'auteure n'a pas évoqué l'influence du nombre d'années d'expérience de l'éleveur dans cette différence, mais précise dans la discussion qu'il n'y a pas de consensus scientifique sur la sensbilié de la race Persan à la teigne. Parmi les élevages qui ont eu un épisode de teigne au moins, « 69,2 % ont réussi à identifier la cause » et dans plus d'un cas sur deux (56,8 %), l'éleveur indique avoir lui-même été contaminé.
Pour évaluer leur niveau de préoccupation au regard de la dermatophytose, les éleveurs devaient noter ce sujet de 1 (pas préoccupant) à 5 (très préoccupé). Un tiers des répondants (32,7 %) ont indiqué être très fortement préoccupés par la dermatophytose. Sans surprise, « les éleveurs ayant déjà eu au moins un épisode de dermatophytose ont une préoccupation envers celle-ci plus importante que les [autres] ». Car les commentaires libres laissés à la fin de l'enquête sont éloquents : « j'aimerais sincèrement avoir plus d'informations sur ce champignon qui me pourrit la vie », ou encore « un vrai casse-tête, surtout pour les chatons », « première fois en 12 ans et c'est dur (…) c'est très stressant et compliqué à gérer »… Pour autant, un peu plus de la moitié des répondants (60,4 %) « estiment qu'ils disposent de suffisamment d'informations à propos de la dermatophytose féline ». Leur source dominante d'information (54 %) est leur vétérinaire. « Vient ensuite Internet, qui est utilisé par un peu plus d'un quart des éleveurs (26,4 %). Pour une plus petite part (14,2 %), elles proviennent d'autres éleveurs ou d'associations d'éleveurs ». Et si les éleveurs répondent qu'ils nettoient et/ou désinfectent leurs locaux en moyenne 5 fois par semaine (65 % le font au moins une fois par jour), « les moyennes de fréquence de nettoyage et de désinfection des locaux ne sont pas significativement différentes » entre ceux qui ont déjà eu de la teigne et les autres. Au terme d'une analyse statistique poussée des variables liées aux réponses, l'auteure obtient deux groupes différents d'éleveurs (ayant eu ou non un épisode de teigne), avec des caractéristiques contrastées (voir le tableau de l'illustration principale).
Pour ce qui est des traitements mis en œuvre, la totalité des 146 éleveurs ayant eu au moins un épisode ont répondu. Seuls 17,9 % ont répondu n'avoir jamais eu recours à des traitements alternatifs. Pour l'allopathie, 82,2 % des éleveurs se sont vus prescrire des antifongiques topiques et 72,6 % des antifongiques systémiques par voie orale (voir la figure ci-dessous). Lorsque les deux traitements sont associés, il s'agit à proportion égale soit de l'énilconazole avec l'itraconazole, soit de l'énilconazole avec la griséofulvine. Les mesures complémentaires concernent la désinfection de l'environnement (un peu plus du quart de élevages), mais ont aussi été citées la mise en quarantaine et la tonte des chats (3,4 %), le recours exclusif à des médecines alternatives (2 %) et la vaccination (1 %), bien qu'aucun vaccin ne soit disponible en France.
L'auteure conclut que « la formation des éleveurs [félins] sur cette maladie pourrait être une bonne chose, notamment en ce qui concerne les grands principes de biosécurité à respecter (mise en quarantaine des animaux entrants), ainsi que les mesures de prévention systématiques à réaliser lors de l'entrée d'un nouveau chat (examen clinique, observation des poils à la lampe de Wood, réalisation de cultures fongiques…) ».
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