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10 août 2015
L’amoxicilline sera-t-elle classée critique en 2016 ?
L’Agence européenne du médicament (EMA) vient de faire savoir qu’elle se donne jusqu’à la mi 2016 pour évaluer le risque de l’amoxicilline vétérinaire sur la diffusion des résistances aux céphalosporines de troisième et quatrième générations (BLSE).
L’amoxicilline critique ? Les aminopénicillines (ou pénicillines A) vont-elles être définitivement classées l’an prochain avec les céphalosporines de troisième et quatrième générations (C3G/C4G) et les fluoroquinolones dans la « catégorie 2 » des antibiotiques vétérinaires critiques « à risque élevé pour la santé humaine » ?
L’Agence européenne du médicament commence une réflexion sur cette question en vue d’une recommandation pour le second trimestre 2016.
Dans cette attente, fin 2014, cette agence a déjà provisoirement classé ces pénicillines à spectre large dans la catégorie 2 des antibiotiques critiques avec les C3G/C4G. Pourquoi ?
C’est le spectre élargi aux entérobactéries Gram négatif qui est la principale caractéristique de ces molécules mais qui pose aussi problème. Car ces pénicillines ne sont pas actives contre les germes BLSE (producteurs de bêtalactamases à spectre étendu), c’est-à-dire résistants aux C3G/C4G. L’association avec un inhibiteur des bêtalactamases comme l’acide clavulanique n’y change rien. Et c’est bien la résistance des entérobactéries BLSE qui est aujourd’hui la première préoccupation pour les médecins.
L’usage très fréquent de l’amoxicilline en première intention, aussi bien chez les animaux qu’en médecine humaine (où c’est de loin le premier antibiotique prescrit), est donc suspecté de faciliter la diffusion rapide de ces résistances chez les animaux comme chez l’homme. D’autant que ces résistances diffusent bien entre des bactéries de différentes espèces animales, de l’homme ou de l’environnement, notamment entre les colibacilles commensaux et les pathogènes.
Un classement en catégorie 2 des aminopénicillines conduirait probablement à appliquer des restrictions similaires à celles des C3G/C4G et des fluoroquinolones : un usage en seconde intention, si possible après un antibiogramme. Mais cela ne serait sans doute pas avant 2017.
* Sous réserve d’une évaluation ultérieure pour les aminosides et les pénicillines A (amoxicilline), attendue pour la mi 2016.
Trois agences sanitaires européennes, l’agence du médicament, l’Autorité de la sécurité alimentaire (EFSA) et de l’Agence de la santé humaine (e-CDC) ont donc déjà en décembre 2014 proposé une catégorisation vétérinaire des antibiotiques classés comme dits « critiques » ou « hautement critiques » pour la médecine humaine selon l’organisation mondiale de la santé (OMS).
Ce rapport classe les antibiotiques « critiques » pour la médecine humaine en trois catégories pour la santé animale.
De nombreux antibiotiques vétérinaires, comme les céphalosporines de premières générations (la céfalexine) ne sont pas classés comme critiques chez l’homme par l’Organisation mondiale de la santé. Ils ne sont donc ni examinés ni catégorisés dans ce rapport.
Dans la catégorie 1 des antibiotiques à faible risque, les agences inscrivent donc :
Sans surprise, la catégorie 2 des antibiotiques à risque élevé inclut au moins :
Plus surprenant, dans l’attente d’une analyse plus approfondie, la catégorie 2 s’est étendue aussi provisoirement aux aminosides et aux aminopénicillines (amoxicilline avec ou sans acide clavulanique et ampicilline). En 2014, les experts manquaient de données pour se prononcer sur leur classification définitive. Comme pour l’amoxicilline, c’est la pression de sélection des aminosides exercée sur les entérobactéries qui conduit à les classer temporairement en catégorie 2.
Les céphalosporines de première et seconde générations (C1G/C2G), très utilisées chez les animaux de compagnie (avec la céfalexine) et dans les intramammaires, ne sont pas examinées dans ce rapport. Car elles ne sont pas classées comme antibiotiques critiques pour la santé humaine par l’OMS. Toutefois, le rapport indique que toutes les céphalosporines ont le même large spectre que les C3G/C4G, notamment contre les entérobactéries. Cela les rapproche donc du cas des aminopénicillines.
Pour la France, le projet d’arrêté qui listera les antibiotiques critiques ne comprend, pour le moment, que les fluoroquinolones et les C3G/C4G (intramammaires inclus). Des restrictions à leur usage sont prévues dans un projet de décret « antibiotiques critiques ». L’antibiogramme devrait y être exigé lorsqu’il est possible de le réaliser. La prescription-délivrance au comptoir sans examen clinique deviendra interdite.
Pour les molécules de catégorie 3, des antibiotiques sans AMM vétérinaire, déjà de recours et réservés à la médecine humaine, leur usage est à toujours à éviter sauf « absolue nécessité ». Dans ce cas, l’usage ne peut être toléré que dans le cadre strict de la cascade chez les seuls animaux de compagnie pour des traitements curatifs individuels. Il s’agit entre autres des carbapénèmes…
Les phénicolés, les pleuromutilines, la spectinomycine, les nitro-imidazolés… ne sont pas classés du fait que ces classes ne sont pas critiques pour la médecine humaine selon l’OMS. Ils pourraient donc être implicitement considérés comme à risque faible et donc dans la catégorie 1. L’Agence européenne du médicament a d’ailleurs répondu en ce sens pour les pleuromutilines aux observations qui lui ont été faites sur ce point.
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