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5 novembre 2020
Intoxication par ingestion de cycadophytes : charbon activé et surveillance des ALT et plaquettes
Belles et dangereuses. Les cycadales (qui comprennent les genres Cycadaceae et Zamiaceae) comptent 360 espèces, la plupart étant appréciées comme plantes ornementales, d'intérieur comme d'extérieur. Ces gymnospermes, dont la disposition des feuilles rappelle les palmiers, sont toxiques par ingestion… Ce sont les graines qui contiennent la plus forte concentration en toxines, rappellent des toxicologues vétérinaires dans une étude rétrospective de 130 cas d'intoxication canine, mais toutes les parties de la plante sont dangereuses.
Les principales toxines sont sous forme de précurseurs dans le végétal (azoglycosides), qui vont être métabolisées par la flore intestinale en méthylazoxyméthanol, composé hépatotoxique responsable de l'ictère et de la coagulopathie, de vomissements, diarrhée et inappétence. S'y ajoutent des neurotoxines, « responsables de faiblesse, ataxie, convulsions et tremblements ». Les premiers signes cliniques apparaissent dès 4 h après l'ingestion, mais les signes liés à l'atteinte hépatique peuvent ne se manifester qu'après 24 à 72 h. Les publications rapportant ce type d'intoxications mentionnent une mortalité pouvant concerner plus de deux cas sur trois (67 %).
Deux études antérieures ont identifié des différences significatives entre survivants et cas décédés, pour les valeurs en alanine aminotransférase (ALT), bilirubinémie, l'hypoalbuminémie et thrombocytopénie. Une autre étude avait relevé l'intérêt du charbon activé dans le traitement de l'intoxication, mais sans déboucher sur un protocole standard. Ils auteurs ont donc recherché dans les dossiers médicaux de deux cliniques de référés du Texas, les cas d'intoxication survenus entre début 2015 et fin 2018 : ils identifient 130 chiens ayant ingéré une partie de cycadophyte et dont la totalité du traitement et du suivi médical étaient documentés ; 12,3 % d'entre eux sont décédés (la plupart par euthanasie). Les auteurs ont classé les chiens en deux groupes : ceux qui présentaient une concentration initiale en ALT > 125 U/l (n=43) et ceux ayant au plus cette valeur seuil (n=87). Ils observent que la partie de la plante ingérée (graine, feuille, ‘bulbe') n'est pas associée à ces groupes (l'ingestion de graines est associée à une mortalité plus élevée, sans atteinde de seuil de signification statistique). En revanche :
Il n'y avait pas de différence pour les vomissements. En revanche, bien que seule la moitié des cas (n=64) dispose d'une numération plaquettaire à l'admission, plus du quart de ces chiens étaient en thrombocytopénie (<200 000 plaquettes/µl). Le risque d'avoir une concentration en ALT>125 U/l était 3,5 fois plus élevé parmi les chiens en thrombocytopénie par rapport aux autres. Et le risque de décès était 14 fois plus élevé si le chien présentait une thrombocytopénie à l'admission. Tous les chiens ne présentant aucun signe clinique au moment de l'admission (n=23) ont survécu. A l'inverse, étaient significativement associées à la mortalité la présence de diarrhée (p=0,04, la léthargie (p<0,01), l'anorexie (p=0,04), les tremblements (p=0,04), la faiblesse générale (p=0,02) et les convulsions (p<0,01). Plus le nombre de signes cliniques était élevé à la présentation du cas, et plus le risque de décès était élevé (80 % des cas à 5 signes cliniques).
Lorsqu'ils s'intéressent au traitement reçu par chaque animal, les auteurs observent que :
Indépendamment de la concentration en ALT, les auteurs calculent que l'administration de charbon est associée à une réduction de 82 % du risque de décès. Lorsqu'ils limitent leur analyse statistique au seul groupe d'animaux à ALT>125 U/l, l'effet préventif du charbon est encore plus important, avec une réduction de 95 % du risque de décès. A l'inverse, l'intervention via le plasma ou la vitamine K étaient associés à un sur-risque de décès (x 14,2 et x 5,2, respectivement), mais les auteurs n'ont pas évalué s'il s'agissait surtout de chiens n'ayant pas reçu de charbon…
Bien que reconnaissant le besoin de conduire une étude prospective sur de tels cas, les auteurs font quatre préconisations :
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